C’est hier qu’est sortie une nouvelle aventure du jeune James Bond, Heads You Die, écrite par Steve Cole. Les fans français devront quant à eux se contenter de compter sur leurs skills en anglais (ou copier/coller une version électronique sur Google Traduire), car bien que Cole nous ait confié que la France avait signé pour les quatre nouveaux titres, absolument aucune traduction française n’a été annoncée pour Heads You Die ! Voila qui est d’autant plus dommage car la série La jeunesse de James Bond avait été un presque sans faute niveau traduction jusque là (vous pouvez vous tester avec cet extrait du livre).
À l’occasion de cette sortie en Angleterre, Ian Fleming Publications (qui était d’ailleurs inexplicablement restée aussi silencieuse qu’une tombe vis-à-vis de ce roman jusqu’à hier) nous propose une interview de l’auteur que nous avons traduite ci-dessous :
Est-ce que vous vous rappelez la première fois que vous avez rencontré le personnage de James Bond ?
Je ne me souviens pas d’une première fois en particulier, mais un de mes jouets préféré quand j’étais jeune garçon était la DB5 Corgi de Goldfinger. Je suis né en 1971 et ma mère était folle de Roger Moore (malgré les douleurs de la grossesse, elle a même refusé d’aller à l’hôpital pour me donner naissance jusqu’à ce que le premier épisode de Amicalement vôtre avec Moore et Tony Curtis soit diffusé !). J’ai donc grandi en sachant qu’il était Bond. En 1979, j’ai acheté la novélisation de Moonraker pour ma mère à Noël comme il y avait Moore dans une combinaison de cosmonaute sur la couverture, et me suis un peu plongé dedans avant de l’emballer.
Mais le moment crucial fut lorsque L’homme au pistolet d’or a été montré à la télévision le jour de Noël 1980, toute la famille s’était réunie pour regarder. J’ai été impressionné que quelqu’un soit mort avant le générique d’ouverture, mais mon grand-père m’a assuré que c’était en fait lent pour un film de James Bond. J’étais intrigué par la façon dont les films ont été abordés, et l’année suivante m’a permis de voir Rien que pour vos yeux au cinéma (à l’âge de 9 ans). Je suis devenu accro.
Après avoir regardé Dangereusement Vôtre, j’ai voulu savoir comment était ce film comparé à la nouvelle originale. Il y avait quelques détails alléchants sur l’enfance de Bond dedans – ou tout du moins, la fin de son enfance ! – et cela m’a donné envie parcourir les romans de Fleming à la bibliothèque locale. Je suppose que je ne pensais pas de trop au passé de Bond, parce que son présent est très intense. Et la prose séduisante Fleming invite le lecteur à s’identifier avec Bond, pour devenir le personnage durant la durée du voyage. Évidemment, son passé est quelque chose auquel j’ai beaucoup pensé ces dernières années !
Pouvez-vous décrire le défi de tisser un personnage qui a déjà un passé et un avenir prédéterminé par Fleming et Higson ?
Le défi est d’essayer de présenter une variante reconnaissable de Bond, plus jeune et plus idéaliste, mais un garçon qui va réalistement grandir jusqu’au Bond adulte, qui est un « instrument contondant », soit, mais qui possède aussi l’esprit de dix samouraïs, comme le note Kissy. Il y a fort à parier que son enfance a laissé beaucoup de cicatrices en dehors de son expulsion d’Eton, et qu’il était un enfant confiant, capable et désireux d’agir : mentir sur son âge pour s’enrôler dans la Seconde Guerre mondiale est un exemple. Pour raconter des histoires passionnantes pour les jeunes adultes que les fans de Bond puissent également apprécier, l’écrivain doit trouver un équilibre entre la crédibilité et la nécessité de le plonger dans des aventures à part entière. Ainsi, le défi est d’essayer de présenter un monde crédible avec un adolescent crédible. Il fait plus d’erreurs que le Bond adulte, il n’est pas encore aussi sûr de lui et il est peut-être plus blessé par les choses traumatisantes dont il fait l’expérience, mais beaucoup de ses traits futurs sont en train d’émerger. Il devient conscient de son potentiel, de son patriotisme et a une volonté de faire tout ce qu’il faut pour gagner.
L’une des grandes forces de Heads You Die est le cadre Cubain, quelle est l’inspiration derrière ce lieu ?
Je voulais que l’histoire tire avantage du fait que Bond avait voyagé si loin pour Shoot to Kill ; Heads You Die se déroule peu de temps après la fin de ce roman et je cherchais un endroit frais et exotique qui ferait contraste avec Los Angeles, tout en étant « sur le chemin de la maison », comme cela je n’aurais pas à arranger un autre long voyage. La Havane était un lieu passionnant et instable dans les années 1930, et il y avait aussi des éléments importants pour Bond comme le glamour et le sordide ! Cuba elle-même est aussi un lieu de contrastes, donc il y avait une occasion d’échanger la jungle de béton de L.A. pour des zones plus rurales.
Il est important pour moi de sentir que l’endroit est « réel » afin que je puisse le vendre aux lecteurs. Alors oui, il y a eu beaucoup de recherches. Bien sûr, les choses ont beaucoup changé depuis les années 1930, donc j’ai du étudier beaucoup d’archives de journaux ainsi qu’un manuel militaire américain des années 10 qui décrivait les réseaux de transport et les lieux de toute l’île.
Le style narratif de Fleming est toujours dans ma tête lorsque j’écris des descriptions de lieux, je me vois parfois lancer un petit « vieux » pour le public clé !
Pouvez-vous nous parler de la citation d’Edmund Burke ? Comment êtes vous venu à choisir cette citation pour ouvrir cette nouvelle aventure ?
La seule chose nécessaire pour le triomphe du mal et l’inaction des hommes bons. La lâcheté suffit à son tromphe. Le courage suffit à le renverser.
Edmund Burke, 1770
C’était ce que je disais plus tôt à propos de la mise en forme des intentions de Bond. Oui, c’est seulement un garçon de 14 ou 15 ans, et il est plongé dans une aventure dangereuse et mortelle ; il y a beaucoup de personnes qui attendraient l’aide des adultes à sa place, mais James sait que s’il le fait, son ami, un lien vital avec ses parents, sera très probablement assassiné. Ainsi, la citation nous montre heureusement que James est non seulement un homme bon, mais qu’il va faire quelque chose pour le prouver. Il va, comme il le note dans On ne vit que deux fois, « utiliser son temps ».
Ce roman nous montre le retour d’Hugo, comment décrieriez-vous sa relation avec Bond et pourquoi avoir décidé de le faire revenir dans cette aventure ?
Je sentais qu’il y avait encore plus de choses que je pouvais faire avec Hugo ; j’ai adoré écrire ce personnage dans Shoot to Kill car il apporte un peu d’humour pour réchauffer les moments les plus sombres ; mais il est aussi ingénieux et intelligent et je pense qu’il rebondit très bien sûr le James plus taciturne. Hugo est en partie là pour nous rappeler combien James est courageux, mais aussi pour montrer que si James n’a pas beaucoup d’amis fidèles, il apprécie ceux qu’il a. De plus, si un ami est en danger, comme l’est souvent Hugo, cela ajoute des enjeux dans la lutte de Bond.
Où avez-vous puisé votre inspiration pour le nouveau vilain, Scolopendra?
Il m’a fallu un certain temps pour arriver à Scolopendra, nommé d’après la scolopendre géante. À l’origine il était Dracul le dragon, puis Lobo le loup. Mais l’idée du centipède géant et toxique, si répugnant à Bond dans Dr No, m’a fait penser que ce serait un bon choix pour le personnifier, et Scolopendra sonne convenablement menaçant. Dans Dr No, Bond pense qu’il a seulement vu des scolopendres tropicales dans un musée, ayant le jeune James c’est une idée que j’ai légèrement étendue pour qu’il les voie affichées dans l’étude de Scolopendra.
Dans ce nouveau roman, nous voyons la première expérience de Bond dans le domaine de la plongée. Était-ce quelque-chose que vous aviez particulièrement envie d’écrire ?
Il y a un sens d’authenticité dans les scènes sous-marines de Ian Fleming, qui bien sûr, vient du propre intérêt et de l’expertise de Fleming dans ce domaine. La nouvelle Le Spécimen rare de Hildebrand démarre avec une vraie et merveilleuse représentation de Bond qui chasse un poisson mortel, et cela m’a fait me demander, pourquoi est-ce qu’il se sent si à l’aise et confiant dans l’eau, comment cela est-il arrivé ? Cela, combiné aux recherches que j’avais fait sur la plongée dans les années 1930, ainsi que le véritable engouement des adolescents de l’époque pour la plongée par soi-même, m’a vraiment donné envie d’amener James dans les eaux profondes. De plus l’environnement sous-marin offre un cadre vraiment très différent de Shoot to Kill. Une des scènes que j’ai adoré écrire dans Heads You Die était celle de l’exploration de nuit d’un navire coulé avec seulement une vielle lampe sous-marine pour l’éclairage et l’équipement de plongée maison branlant avec de l’air pompé par un soufflet qui descend le long d’un vieux tuyau… fantastiquement dangereux, et par conséquent, excitant à écrire et espérons-le, à lire.
Pouvez-vous nous parler un peu du processus d’écriture de ces livres ? Avec DEUX romans cette année, ce doit être vraiment efficace !
Les livres de la Jeunesse de James Bond demandent beaucoup de recherches, à la fois dans la préparation du synopsis initial, puis lors de l’écriture. Je dois tout vérifier, de voir de quand datent certaines phrases et expressions qui ont été introduites dans la langue, au genre d’expérience que vous obtenez en conduisant une voiture d’une marque particulière. J’aime écrire dans l’ordre et ne pas sauter de sections et je préfère l’auto-édition que plutôt d’écrire rapidement et modifier à la fin, je suis sûr que serait plus rapide ! Je tends à commencer plutôt lentement, puis créer une dynamique, jusqu’à la fin vers laquelle je cours. Je travaille pendant la journée et de nouveau le soir après le dîner et cela se finit généralement par quelques nuits blanches pour l’écriture du premier brouillon. Pour Heads You Die, il y a eu beaucoup de nuits longues, la rédaction finale a duré 28 heures d’affilé, mais je trouve le cadre nocturne plus facile pour l’écriture, car il n’y a pas de distractions. D’ailleurs, si le jeune Bond passe par une épreuve, le moins que je puisse faire est d’en passer une avec lui ! Lorsque cela est possible, j’aime visiter un endroit en personne pour obtenir une expérience de première main, et parfois c’est quelque chose que je peux faire alors que le livre est en cours d’édition, cela permet d’ajouter des détails supplémentaires tout en peaufinant l’action et les personnages.
Vous vous êtes rendu dans diverses écoles pour promouvoir les livres, pouvez vous nous dire quel a été votre meilleure expérience ou les questions qui vous ont été posées ?
Dans une école à Blackpool j’ai parlé à des centaines d’enfants au milieu d’une immense salle tandis que des images de James Bond étaient projetées sur les quatre murs, ce qui était une sacrée expérience ! Les lecteurs ont aussi conçu leurs propres gadgets de Bond et je devais trouver un gagnant. C’est très amusant de rencontrer les lecteurs et leurs professeurs fans de Bond aussi, le plus souvent !
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Steve Cole le précise aussi sur son propre site, son Young Bond n°3 c’est bien pour cette année !
J’ai aussi terminé mon travail sur mon 3ème Young Bond (sorti cet automne) tout en planifiant l’histoire pour mon 4ème.
L’auteur explique également que l’un de ses plaisirs est de glisser des références aux autres romans de Bond dans ses livres pour les fans hardcores de 007, et livre la liste de celle présente dans Shoot to Kill. Les avez-vous tous trouvées ?
- Le prologue est intitulé You Asked For It – il s’agit du titre donné à l’une première édition américaine du roman Casino Royale.
- Le premier chapitre est quant à lui intitulé Do As You’re Told – la dernière ligne du roman Dr No, le sixième Bond de Fleming (Shoot to Kill est le sixième roman de La jeunesse de James Bond).
- Daniel Sloman a écrit un scénario de film sur les plongeuses Ama de l’île Kuro, au large du Japon – le Bond adulte finira par rencontrer une de ces plongeuses dans On ne vit que deux fois, une ancienne star d’Hollywood, Kissy Suzuki.
- James Bond déclare : « Je ne peux pas penser à quelques choses de pires que de devenir une star de cinéma » !
- Au Blue Plate Café du Hollywood Plaza, le jeune James observe Sloman commander un martini et décide qu’il pourrait avoir « un goût pour les cocktails ».
- Quand James visite l’Académie Allworld, il entend des musiciens qui jouent le thème d’un film, « distinctif et jazzy avec un rythme mid-tempo, cuivres et cordes et steel guitar », et sent « un sens de l’anticipation et du danger dans cet air fanfaron sinistre… comme si les musiciens marquaient son humeur ». Il vient bien sûr d’entendre le James Bond Theme !
- James prétend être le fils de Hoagy Carmichael, un chanteur de la vie réelle que Ian Fleming cite comme un sosie de sa vision de James Bond.
- Kostler regarde des images du jeune Jack Strap qui bat une victime – après avoir rejoint les gangsters qui chassent James et ses ami dans Shoot to Kill, Strap travaillera plus tard avec le Mob Spangled (le gang du roman Les diamants sont éternels) et Auric Goldfinger.
Sources : Ian Fleming Publications et Steve Cole.
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