« Poker Fatal » (« Double Or Die » en version originale) est sorti au Royaume-Uni le 4 janvier 2007.
Retour à Londres pour le jeune James Bond. Résolu à passer une année au collège Eton, plus tranquille que la précédente, le jeune homme vera sa bonne volonté mise à mal lorsque le professeur Alexis Fairburn lui fera parvenir un message codé. Simple jeu intellectuel ou véritable indice d’une menace imminente, le jeune James Bond et sa bande des cinq d’amis, vont tenter de résoudre ce nouveau mystère.
Retour au bercail donc pour ce nouveau roman sur le futur 007. Après une aventure un brin too much pour un pré-adolescent dans le dernier opus, l’auteur Charlie Higson re-descend en gamme, avant de progressivement faire remonter la tension. Cela passe notamment par une ambiance londonienne bien plus grisâtre que la Sardaigne du précèdent livre. Tant pis pour l’exotisme, même si voir Bond déambuler dans la capitale anglaise a de quoi réjouir. C’est également l’occasion pour l’auteur d’ancrer un peu plus son récit dans le genre de l’espionnage. Entendez par là, l’espionnage pour jeunes lecteurs : codes secrets, chasses aux indices dans toute la ville et complicité avec d’autres élèves de la prestigieuse école.
L’auteur profite à nouveau de cette aventure pour lever un peu plus le voile sur les évènements qui ont construit le James Bond que l’on connait. Ici, c’est son attrait pour le jeu de hasard et pour la boisson qui feront leurs apparitions le temps d’une scène de casino embrumée et cauchemardesque. On nous présente également un Bond plus sûr de lui et plus confiant dans sa capacité à résoudre les problèmes. Enfin, le personnage de Kelly Kelly ouvre le jeune James Bond à une certaine forme de maturité sexuelle, même si le tout reste évidemment très sage.
Autre réussite du roman, le personnage de Perry Mandeville. Sorte de Felix Leiter avant l’heure, Perry est un compagnon solaire et toujours enjoué qui contraste avec le taciturne Bond. Les échanges entre les deux adolescents sont savoureux et comptent parmi les meilleurs surprises du roman.
Du côté des méchants, « Poker Fatal » introduit enfin le futur grand ennemi de 007 (pas celui là, l’autre), renforçant d’autant plus cet aspect de thriller d’espionnage. Le visage de cette nouvelle menace est celui de Sir John Charnage, figure inquiétante de la haute bourgeoisie mais également de la pègre londonienne. Plus marquant que le méchant du roman précédent, Sir Charnage permet également à Higson de nous refaire le coup de la fausse piste qu’il semble tant apprécier. En effet, le roman n’échappe pas à un retournement de situation qui rebat assez tardivement les cartes dans sa dernière partie.
Les romans de Higson se suivent, et à l’instar de ceux de Fleming, ne se ressemblent pas forcément. Après un premier opus lorgnant vers le fantastique, un deuxième tome plus exotique et épique, ce troisième volume se veut plus terre à terre et, peut-être également, plus en adéquation avec ce que l’on attend d’un livre pour le jeune public. Le partie pris de l’auteur de nous faire suivre une simili chasse au trésor dans la ville de Londres et le fait que Bond ne soit plus tout à fait seul contribuent à ce sentiment d’un livre plus léger. Evidemment, Bond ne serait pas Bond sans une épreuve de force à même de terrasser un être humain ordinaire. Et il faut reconnaitre que la traditionnelle scène de torture de cet opus, en plus de mettre en scène la découverte par Bond de son futur poison le plus vorace, est originale et permet un chapitre éprouvant.
Cette envie d’écrire un livre plus léger et enfantin amène cependant son principal défaut. En effet, cette chasse aux indices et ces scènes de résolutions d’énigmes dignes de Picsou Magazine, peuvent surprendre et, à la longue, ennuyer le lecteur peu habitué à ces procédés narratifs dans un James Bond. Le livre reste efficace et propose même un final plein d’action et de pyrotechnie, mais ce rétropédalage au niveau des enjeux par rapport au précédent roman a de quoi surprendre. On ne boude cependant pas son plaisir. Les aventures du jeune James Bond restent en de très bonnes mains avec Charlie Higson.
Merci à Pauline Giolland pour la relecture et la correction.
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