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L’héritage de l’espion #1 : Mission Impossible 7 et Heart of Stone

L’héritage de l’espion. Cette nouvelle série d’articles exclusifs à Commander Bond, vous propose de revenir sur les oeuvres qui s’inspirent ou qui ont inspiré l’univers de l’agent secret le plus célèbre du monde. Au cours de l’histoire, la saga James Bond a tantôt été créatrice de mode, puis a elle-même puisé son inspiration chez la concurrence. Qu’est-ce qui fait l’identité d’un James Bond ? C’est la question qui a motivé cette nouvelle série d’articles.

Souvenez-vous, l’été 2023 a été marquée, pour les fans de James Bond, par la sortie de deux films d’égale importance pour leurs supports respectifs. « Mission Impossible Dead Reckoning Part.1 » pour le cinéma et « Agent Stone » (« Heart of Stone ») pour Netflix. Les deux films portent en eux les espoirs des majors d’Hollywood et des plates-formes de streaming à l’heure où la légitimité des premiers est remise en cause par les seconds, quand bien même la montée en puissance de ces derniers s’accompagne d’un modèle économique qui montre déjà ses limites.

S’affrontèrent donc, en cet été 2023, deux supers agents secrets.

Tout d’abord, Ethan Hunt incarné par l’increvable Tom Cruise pour la septième fois au cinéma.

Les présentations sont déjà faites mais au cas où: « Mission Impossible » est, au départ, une série télévisée créée par Bruce Geller et diffusée à partir de 1966. Puis, en 1996, une première adaptation cinématographique réalisée par Brian De Palma et produite par la superstar Tom Cruise voit le jour. La saga va alors évoluer, passant entre les mains de différents réalisateurs et suivant différents styles: le thriller d’espionnage paranoïaque, le film d’action poseur, le techno-thriller d’inspiration télévisuel et même le film d’aventure familial le temps d’un quatrième opus réalisé par Brad Bird.

C’est d’ailleurs ce dernier épisode qui assumera le plus l’influence de James Bond. Entre son méchant rêvant de détruire l’occident, ses femmes fatales (coucou Léa) et ses destinations de luxe, « Mission Impossible : Protocol Fantôme » voyait la franchise à succès de Tom Cruise chasser officiellement sur les terres de 007.

Remarquez cette chevelure parfaite… à côté c’est Paula Patton.

Qu’en est-il aujourd’hui, avec le ce septième épisode ? Premièrement, le retour pour la troisième fois consécutive, du réalisateur Christopher MacQuarry assure une continuité avec les épisodes précédents. Pour le meilleur, et pour le pire.

Pour le meilleur, on citera ses influences cinématographiques toujours galvanisantes. Ce septième opus n’hésitant pas à aller lorgner sur le pur film d’aventure (son McGuffin en forme de clé au trésor) et les films de cape et d’épée. On a même le droit à une course poursuite évoquant autant les aventures animées de Lupin III que « Rien que pour vos yeux » et ses cascades en 2CV.

On notera également un scénario intéressant, qui place notre bon Tom Cruise face à une intelligence artificielle démoniaque, dont seuls lui et ses camarades semblent être en mesure de comprendre la dangerosité. A l’heure où Tom Cruise se place en dernier artisan d’un cinéma de divertissement « fait maison » face à la montée de fabriques de films jetables comme Netflix ou Amazon, l’histoire de ce nouveau « Mission Impossible » fait sourire par la sournoiserie de ses niveaux de lectures et l’égo boursouflé de sa star.

La 2CV, la voiture des espions.

Pour le pire, c’est le retour d’une ambiance beaucoup trop sérieuse, d’un récit tirant à la ligne et de dialogues tendant parfois à l’interminable. Dérive Hollywoodienne actuelle oblige, les 3h du film se font ressentir, notamment pendant des séquences d’action qui ne savent pas quand s’arrêter. Enfin, on déplorera le score toujours aussi tonitruant d’un Lorne Balfe qui fait passer son ancien mentor, Hans Zimmer, pour un parangon de subtilité. On appréciera tout de même, un travail sur des textures de bois qui renvoient au films d’espionnage des 70’s.

Du bon et du moins bon donc pour ce « Mission Impossible Dead Reckoning Part. 1 », qui assume toujours autant l’héritage de James Bond avec cet entrain et cette candeur qui font parfois défaut aux derniers films de 007. Certaines scènes de comédie (trop rares), évoquent même l’humour de la période Roger Moore.
Il serait dommage de bouder son plaisir et de manquer en salle, ce nouveau volet réjouissant des aventures de Ethan Hunt.

Mais assez rigolé, passons au challenger.

Gal Gadot doit sauver le monde du filtre marron.

« Agent Stone » produit par Netflix est la nouvelle tentative de la plateforme d’imposer une héroïne forte, capable de rivaliser avec les James Bond, Ethan Hunt et autre Jason Bourne qui ont fait les beaux jours du cinéma d’espionnage et d’action.
Sur le même modèle que le dernier « Mission Impossible », « Agent Stone » propose de suivre une équipe de supers agents secrets sur les traces d’une intelligence artificielle machiavélique capable de mettre le monde libre à genoux. (Non, ce n’est pas une blague, c’est le même scénario).

L’objectif de cette production est évident: Rivaliser avec les grosses productions Hollywoodiennes de la MGM ou de Paramount.

L’ennui, c’est que les moyens et les ambitions de Netflix s’accordent rarement. Avec son système de production taylorisé et son opportunisme crasseux, Netflix n’accouche souvent que d’ersatz de films de cinéma à peine regardables.
On ne peut évidement pas ranger l’intégralité des productions originales Netflix dans le même sac. Certains films originaux tout à fait honorables méritent le coup d’œil. (On pense, entre autres, à « L’étau de Munich », « Guillermo Del Toro’s Pinocchio », « Mank » ou encore « Jessie »).
Précisons que cet article n’aborde pas le cas des séries TV dont les moyens de productions et les enjeux narratifs sont trop éloignés du sujet.

Ca c'est vraiment immonde
 » L’amour du travail bien fait » par les infographistes de Netflix, 2023.

« Agent Stone » donc, ne mérite pas sa place dans la précédente liste. Le film arrive même à fusiller ses quelques arguments, c’est à dire ses cascades spectaculaires, en sortant quelques semaines à peine après le grand huit cinématographique de Cruise et MacQuarrie.

Difficile en effet de rivaliser avec le dernier « Mission Impossible » tant cette production bâclée affiche de plus des VFX de piètre qualité. Entre des incrustations approximatives et une photographie qui sublime l’art du mauvais goût, il devient inexcusable d’affirmer qu’on a préféré s’infliger « Agent Stone » sur sa TV plutôt que d’aller voir les dernières aventures de Ethan Hunt en salle.
A moins que ne se pose la délicate question économique. Une sortie cinéma pour la famille étant un investissement conséquent, on en arrive au choix entre le produit de marque et sa contrepartie low-cost.

Gal Gadot nous montre à nouveau l’étendue de son manque de charisme en tant que personnage principal. Et le pauvre Jamie Dorman, s’il est parfois bon dans d’autres productions, est visiblement ici dans sa zone grise.

Dis-voir Siri, tu m’écris un scénar ?

Le scénario du film reprend le postulat de « Mission Impossible 7 », mais là où le film de MacQuarrie jouissait d’une perspective méta nourrie par l’égo atrophié de sa star principale, « Agent Stone » ne propose qu’une variation sur le thème de l’humain face à la machine dont le traitement frontal rappelle la purge « Hobbs & Shaw ». Pour l’angoissant thriller d’espionnage, on repassera.

Le tout ne sera évidemment pas sauvé par la partition assourdissante de Steven Price, plus inspiré par le Gravity de Cuaron, que par ce produit au goût aussi fameux qu’un soda de vingt ans d’âge.

Quand à la question qui fâche: Pourquoi est-ce qu’aucun de tous ces nouveaux thrillers d’espionnage mettant en scène des femmes ne semblent faire date dans l’histoire du cinéma ? (Malgré, dans le cas d' »Agent Stone », un succès économique déjà célébré. Mais bon, qui se souviendra du rentable « The Gray Man » ?)

Il faut sans doute y voir le résultat du soin apporté à la production desdits thrillers. Qui se souviendra en effet de « 355 » (produit par Jessica Chastain), de « Black Widow » (produit par  Scarlett Johansson) ou encore de « Atomic Blonde » (produit par Charlize Theron, même si ce dernier relevait très légèrement le niveau) ? Autant de produits opportunistes dont le problème principal n’est évidemment pas le genre de leur protagoniste, mais bien le manque d’envie de bien faire tout au long de leur processus de création.

« Nikita » de Luc Besson, le modèle de tous les actionners féminin sorti en… 1990 ! Il serait temps d’innover.

Car il ne faut pas oublier que ce qui faisait le charme du cinéma d’action des années 70 et 80 (celui qui est clairement revendiqué ici), c’était le soin que leurs metteurs en scène y mettaient. Ils semblent loin les McTiernan, les Spielberg et autre Cameron qui savaient, non seulement icôniser leurs stars féminines, mais aussi, et surtout, prendre leurs sujets au sérieux.
Les majors Hollywoodiennes ne comprennent pas que le public d’aujourd’hui attend pourtant impatiemment la relève des Sarah Connor, Nikita et autre Ellen Ripley d’hier.

J’ai dérouillé sec, mais on a fait plus d’argent que Tom. Et toc !

Finalement, le rapport entre « Agent Stone » et James Bond semble aussi évident que celui entre « Indiana Jones » et « le Temple D’or » avec Chuck Norris. On a bien une base vaguement commune, mais les premiers sont des œuvres honnêtes et galvanisantes alors que les seconds se contentent d’être des copies de copies produites pour les pires raisons.
A l’heure où le grand public ne semble plus faire la différence entre les aventures de 007 et un épisode de « Fast & Furious », cet « Agent Stone » n’arrive jamais à la cheville de l’un et parvient même à faire honte à l’autre.

Netflix ? Nan moi j’ai un abonnement Amazon Prime.

Alors, que nous disent ces deux sorties sur l’univers cinématographique de James Bond ?

Peut être simplement que ce qui fait un bon film James Bond c’est avant tout l’expérience cinématographique. Cette envie sincère de proposer un spectacle grandiose au spectateur dans une salle de cinéma, avec ce que cela implique en termes techniques et sensoriels. Les scénarios sont les mêmes, les scènes d’action aussi, les personnages occupent peu ou prou les mêmes fonctions, pourtant tout semble différencier « Mission Impossible 7 » et « Agent Stone ».

Evidemment, avec l’acquisition par Amazon de la franchise James Bond, on peut craindre que les prochains films de la saga, si il y en a, lorgnent plus du côté du dernier produit honteux de Netflix, que du thriller grandiloquent de Tom Cruise.

L’avenir nous le dira.

Lâche rien Tom, lâche rien !

Merci à Pauline Giolland pour la relecture et la correction.

Paul Darbot

Si vous n'êtes pas intéressé par le sujet, il est probable que ce soit l'une des passions de Paul. Passionné de musique, de cinéma et de l'univers de James Bond, il pourrait vous en parler pendant des heures. Donc, si vous décidez d'aborder ce sujet avec lui, faites-le en connaissance de cause ! Vous pouvez écouter ses compositions musicales sur son site web : https://pauldarbot.com

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