Originellement prévu pour février, il a fallu attendre ce 16 septembre pour pouvoir enfin lire cette nouvelle aventure de 007 grand format (environ 125 pages) crée par toute une ribambelle de scénaristes et artistes. Mais malheureusement il n’y a pas que la date de sortie qui s’est avérée perfide…
Commençons par le plus gros problème de ce comics, il fut annoncé que l’intrigue tournait basiquement autour du fait que Moneypenny a été kidnappé et que Bond doit accomplir des missions pour la sauver. Or dans les faits c’est loin d’être le cas :
Le comics est divisé en six chapitres. Si l’intrigue d’un d’entre eux tourne en effet autour du kidnapping de Moneypenny, pour les cinq restant ce n’est pas le cas ! La construction du livre est tellement bizarre : fondamentalement cette histoire de kidnapping sert tant bien que mal de fil rouge pour raconter/regrouper 5 histoires (écrites et illustrés par des personnes différentes) qui n’ont aucun rapport les unes les autres (bien qu’une d’entre elles ait un léger rapport avec notre kidnapping).
Le résultat est décevant : l’histoire du kidnapping annoncée comme l’intrigue du comics tient en réalité en un (ou deux) seul chapitre du livre et au final ce point de départ qui aurait plus engendrer une histoire captivante n’a ici rien d’intéressant (basiquement Bond sait déjà où Moneypenny est retenu, il n’a même pas a enquêter, juste à casser la gueule des méchants).
Même les transitions entre les chapitres sont confuses : pourquoi les titres des chapitres/aventures sont donnés en fin de ceux-ci au lieu d’au début comme le bon sens le demande ? De plus le visage de Moneypenny n’est pas top sur les dessins de cette partie.
Alors dans ce livre dans lequel il semble que chaque scénariste a écrit son histoire de son côté sans se concerter avec les autres et dans lequel quelqu’un a essayé de les relier ensemble, vous me direz, que valent ces histoires individuellement ?
Outre celle du kidnapping (nommée The Broker) dont on a déjà parlé, au second chapitre Benjamin Percy nous propose à mon sens la meilleure partie de ce comics. Dans son histoire nommée The Rare Dinner, James Bond est en bonne compagnie dans un restaurant étoilé français du côté d’Antibes. À l’exception de l’Aston, on trouve basiquement tout le cocktail qui fait qu’on aime les aventures de James Bond : glamour (du lieu et dans la garde-robe), jolie fille, humour (beaucoup), gadgets et scènes d’action. Les illustrations sont très belles avec des couleurs chaudes, des détails, des visages expressifs et des scènes de combat très bien dessinées (et avec violence). Malheureusement jamais le comics ne proposera d’illustration aussi jolies par sa suite…
Au chapitre 3, un autre dîner dans lequel on retrouve avec surprise un personnage déjà vu dans un précédent comics de Dynamite : *(surlignez le texte pour le voir) John Lee, le « nouveau » Oddjob*. Autant le dire : il est assez essentiel que vous ayez lu cette précédente histoire (c’est un peu sa suite) pour apprécier et vraiment comprendre ce chapitre de Reflections of Death. L’histoire est relativement sympa et la relation entre des deux hommes fonctionne bien, mais le twist de celle-ci n’était peut-être pas nécessaire. Les illustrations marchent assez bien, même si malencontreusement les couleurs n’oscillent qu’entre orange et violet (et c’est tout).
Chapitre 4 : One Pistol, Three Silencers. À partir de là vous avez déjà passé les parties les plus intéressantes du comics. Voici une « mission » pas de très bondienne, Felix Leiter demande à son ami James de veiller sur une de ses filles. On va être franc : on s’ennuie un peu dans ce chapitre, d’autant plus que les illustrations ici ne me font ni chaud ni froid. Comble de tout c’était vraiment pas malin d’avoir deux personnages qui physiquement se ressemblent très fortement (j’ai pendant un moment cru que c’était le même). En revanche, il faut le souligner : on a apprécie beaucoup les références inattendues à un roman de John Gardner et au film Permis de tuer dedans.
Dans le chapitre 5, 007 doit sauver 003 détenu dans une prison secrète située dans une sorte d’environnement à la Tchernobyl. Une histoire au final pas de très passionnante, au point que je n’ai presque rien à dire dessus. Le style artistique est trop sombre et avec trop de texture « grain » : pas top niveau illustration (d’autant plus que le coté Tchernobyl-like ne sera jamais trop mis en avant dans cette histoire).
Enfin la dernière histoire de ce livre, The Hook, nous présente un Bond qui doit contrer une opération de corruption du SMERSH. Si le twist est prévisible, l’histoire est pas trop mal (beaucoup mieux que les deux précédente) et a le mérite d’être un peu lié à l’histoire du kidnapping de Moneypenny. Même si elles ne me convainquent pas entièrement, les illustrations passent assez bien aussi.
Au final Reflections of Death est plus un recueil de six aventures à la qualité variable et basiquement indépendantes les unes les autres qu’autre chose. Le fil rouge autour du kidnapping de Moneypenny ne mène basiquement à rien, sinon à l’impression d’un « tout ça pour ça ? » (même la fin nous laisse sur notre faim). Si deux ou trois des aventures sont biens, le reste n’est que passable, voire ennuyeux. À l’exception du chapitre 2, les dessins n’arriveront jamais à être vraiment bien (et le visage de Bond est loin d’être toujours satisfaisant). Au final le mot qui résume le plus cette aventure attendue depuis (trop) longtemps est « décevant ».
Espérons que Dynamite ne finisse pas sur cela (pour l’instant aucune autre aventure de 007 n’a été annoncée pour le futur)… À noter que la traduction française de Casino Royale arrive bientôt (le 4 novembre).
Nos précédentes critiques de comics :
- Eidolon
- Hammerhead
- Service
- Felix Leiter
- Black Box
- Moneypenny
- Solstice
- Kill Chain
- M
- Casino Royale
- The Body
- Origin (Rocket Sea)
- Origin (Izabel + Russian Ruse)
- Origin (The Debt)
- James Bond 007
- Vivre et laisser mourir
- Big Things (James Bond)
Pour aller plus loin :
– Les différents comics et strips James Bond.
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