Après Felix Leiter, c’est au tour de cette chère Miss Moneypenny d’avoir son propre comics ! Oh, ce n’est pas le première fois que le personnage à le droit à son spin-off puisque Samantha Weinberg avait déjà écrit une série de trois romans et deux nouvelles sur Moneypenny de 2005 à 2008, The Moneypenny Diaries.
Parmi les points forts de la série de Weinberg on peut citer un solide contexte historique de guerre froide, la narration sous forme de journal intime, des livres destinés à un public aussi masculin que féminin, une Moneypenny qui n’attend pas que Bond se décide à rentrer dans sa vie amoureuse, et le fait qu’il s’agisse du personnage des romans : la secrétaire particulière de M qui n’avait jamais été une agent de terrain.
Lorsque Dynamite a repris la licence comics James Bond en 2015, il fut annoncé que ses aventures s’inspireraient plus des romans que des films de 007. Toutefois il est vite apparu que la nouvelle Moneypenny de ces comics s’inspirait davantage de celle de Naomie Harris (Skyfall et Spectre) que de celle des romans de Fleming… En effet la Moneypenny version Dynamite a la couleur de peau métisse et, dans la mesure où elle fait aussi office de garde du corps de M, elle est très à l’aise avec une arme.
Ce nouveau mini-comics dédié à Moneypenny ne déroge pas aux règles établies jusque là et est écrit par Jody Houser (la première femme à écrire un comics 007) ; les illustrations sont signées Jacob Edgar (dessins) et Dearbhla Kelly (couleurs).
L’histoire est honnêtement aussi épaisse qu’une feuille de papier à cigarette : en gros Moneypenny accompagne M à un déplacement dans une faculté de Boston lorsque des hommes armés entrent dans l’établissement et essaye de tuer M et les personnes qui l’accompagne. Moneypenny essaye alors les protéger : rien de plus ! Certes il s’agit seulement d’un comics de 34 pages, mais Service avait tout de même réussi à introduire une histoire plaisante en si peu d’espace… En plus de ne pas être intéressante, l’histoire de Moneypenny souffre du problème que l’on ne sait pas en quoi consiste le déplacement de M et la raison pour laquelle ses méchants sans nom s’en prennent à lui et ses acolytes ! Qui plus est le scénario officiel est mensonger : il n’est absolument jamais question de « ressemblances troublantes à une attaque terroriste tragique qui remonte à l’enfance » de Moneypenny…
La narration en prend aussi un coup dans les dents puisqu’il y a des flashbacks qui arrivent comme des cheveux sur la soupe dans l’histoire. Les passages dans le passé sont toutefois plus intéressants que le reste puisqu’ils nous expliquent (très brièvement) pourquoi Moneypenny a choisi de devenir une « agent de terrain » avant de se métamorphoser en la secrétaire de M… Sauf que ces événements n’ont absolument rien à avoir avec l’histoire qui se déroule au présent et du coup il s’avère que c’est tout simplement inutile, (en plus d’être désagréable), d’alterner entre passé et présent toutes les deux pages ! Il aurait été de loin préférable de regrouper toutes ces pages flashbacks en un seul bloc au lieu de les éparpiller au hasard dans le comics (et plus intéressant de seulement se cantonner à écrire l’histoire de comment Moneypenny est entré dans le Service et de comment elle est devenue secrétaire).
En revanche, côté illustrations Moneypenny s’en tire admirablement bien. En effet les dessins et les couleurs sont agréables à regarder dans l’ensemble, avec du dynamisme dans les mouvements et de belles poses. Il y a toutefois quelques imperfections : par exemple si chevelure de Moneypenny est très réussite, la taille de ses doigts/mains s’avère souvent trop longue. Par ailleurs le design du Walther PPK (en particulier la forme du canon) a malheureusement tendance à varier selon les cases. Le bureau de Moneypenny, bleu, pique également les yeux.
M a un look différent des précédents comics puisqu’ici il ressemble un peu à un Ray Charles sans ses lunettes (et il porte étrangement une arme sur lui). Le vêtement principal de Moneypenny fait assez féminin et masculin à la fois (et malgré que le personnage principal soit une femme, il n’y a pas vraiment de glamour). Toutefois la voir courir avec des talons, on n’y croit moyen… Enfin chose à noter : une sorte de Moneypenny’s vision est introduite dans le comics, similaire à la Bond’s vision du jeu Quitte ou double, dans laquelle les sorties, les personnes, les armes, etc… sont marqués en surbrillance.
Conclusion : Moneypenny déçoit par son histoire qui se révèle basique, péniblement entrecoupée de flashbacks, peu détaillée et au final assez inintéressante. Le personnage méritait mieux que cela, et dans le fond celui-ci est peu différent d’un certain James Bond dans ce comics. J’imagine que cela devrait toutefois plaire aux personnes qui pensent que les comics manquent d’héros d’action féminins et noirs (et de l’action il y en a plein). En attendant on vous recommande de plutôt lire la série The Moneypenny Diaries si vous voulez rendre justice au personnage…
Date de sortie : Moneypenny est disponible depuis ce mercredi 30 août en langue originale américano-anglaise, format papier et électronique. Il sera potentiellement traduit en français aux éditions Delcourt pour une date de sortie inconnue (pas avant 2018). Les premières pages sont les suivantes :
Pour aller plus loin :
– Les différents comics et strips James Bond.
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