James Bond était de retour jeudi dernier dans une nouvelle mini-aventure comics, Service. Dans cette histoire, la politique contemporaine joue un rôle important puisque la bande dessinée s’ouvre avec le secrétaire d’État des États-Unis qui décide de mettre fin à la « relation spéciale » qui lie diplomatiquement, économiquement, militairement et culturellement le Royaume-Uni aux États-Unis. Bien évidemment cette nouvelle politique n’est pas du goût de tout le monde et 007 se retrouve à devoir empêcher une éventuelle tentative assassinat sur le secrétaire d’État qui est en déplacement en Angleterre…
C’est donc un scénario plus réaliste et terre à terre que les précédents comics qui s’offre à nous, et qui selon son auteur Kieron Gillen, fait écho à l’élection de Donald Trump et au Brexit en traitant la notion d’« isolationnisme ». La BD n’a beau faire que 38 pages (et non 48 comme annoncé) contrairement aux habituelles histoires en six volumes, en ce qui me concerne il s’agit là du comics James Bond qui a peut-être la meilleure histoire depuis que Dynamite a repris la franchise. Certes le scénario est assez simple, le format l’oblige, mais c’est justement ce qui fait sa force : Bond mène une enquête qui nous parait vraisemblable car à l’exception de deux ou trois petits gadgets, on ne trouve rien d’extravagant, au point qu’il n’y ait même pas de Bond Girl (ce qui me semble une bonne chose, après tout pourquoi un agent secret devrait obligatoirement rencontrer de jolies créatures dans chacune de ses missions ? Ça semble peu réaliste) ! Personnellement je n’ai pas souvenir d’une autre aventure de Bond dans laquelle on ne trouve pas un personnage féminin pour qui il a de l’intérêt (avec peut-être les nouvelles Quantum of Solace, Property of a Lady et des BD suédoises et chiliennes). Bond, qui n’a pas perdu de son humour et de son arrogance, proteste lui-même contre le manque de glamour de sa mission.
Il n’y a pas vraiment besoin de plus, on ne ressent pas la brièveté de l’histoire : à aucun moment il ne m’est arrivé de penser : « quelques pages supplémentaires n’auraient pas été de trop », sauf peut être pour les méchants qui ne sont pas très développés… Étrangement pour un comics de cette taille, on n’a pas l’impression que cela a été précipité ou que c’est incomplet. Cela est en partie dû au fait que contrairement à d’habitude, il y a très peu de scènes d’actions. En effet c’est ici les dialogues qui priment, ce qui n’est pas une mauvaise chose, et tous les personnages secondaires sont là : M, Moneypenny et Boothroyd. Bien que Service se déroule de nos jours, il y a aussi une volonté de ramener quelques éléments de la Seconde Guerre mondiale avec l’Imperial War Museum ou certaines armes ; comme l’a dit Gillen en interview : « Si Bond n’utilise pas de pistolet-mitrailleur Sten, j’aurais échoué ».
Les illustrations de Antonio Fuso sont jolies et réussites, même si les visages des personnages peuvent parfois paraître comme taillés à la serpe ou si les fonds en dégradés de certaines cases ne plairont pas à tout le monde. En revanche c’est sur les couleurs de Chris O’Halloran que le comics va vraiment diviser : pourquoi 90% du comics est-il uniquement composé de bleu et de rose ?! Certains comme moi y verront une faute de goût, d’autres comme j’ai plus le lire y verront un bon choix esthétique qui renforce la volonté de paraître un peu Seconde Guerre…
Service est disponible depuis ce jeudi 25 mai en langue originale américano-anglaise, format papier et électronique. Il devrait probablement être traduit en français aux éditions Delcourt pour une date de sortie inconnue. Les premières pages sont les suivantes :
Pour aller plus loin :
– Les différents comics et strips James Bond.
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