Aujourd’hui, nous vous proposons la traduction d’une longue interview entre Timothy Dalton et l’équipe de « Un rôle au hasard« , qui discute avec les acteurs des personnages qui ont définis leur carrière.
Le 4e James Bond, en ce moment à l’affiche pour la série Penny Dreadful, partage avec nous la place qu’a eu Bond dans sa carrière et son expérience de comédien : morceaux choisis.
L’acteur : Timothy Dalton a fait ses débuts au théâtre, alors qu’il était encore adolescent. Mais la vie s’est vite accélérée pour le jeune acteur, son travail sur la scène lui ouvrant rapidement les portes de la télévision, ce qui l’amena de fil en aiguille à ses débuts au cinéma en 1968 avec Un lion en hivers [Un excellent film aux parfums de game of thrones, mais avec en prime la musique de John Barry – CJB]. Alors que les années 1970 ont été un pot pourri de différents petits rôles pour Datlon, un film : « Sextette » lui a ouvert pour la décédénie des années 1980 des rôles de hauts niveaux qui l’amèneront à remplacer Roger Moore en tant que James Bond.
Malgré le fait que sa participation en tant que 007 n’ait duré que le temps de deux films, Dalton a continué à travailler régulièrement à travers les années, à la fois à la télévision et au cinéma, et on peut maintenant le retrouver dans un rôle récurant du thriller surnaturel de Showtime : Penny Dreadful.
Penny Dreadful (de 2014 à maintenant) – « Sir Malcom ».
Q: Comment vous êtes vous retrouvé impliquer dans ce projet
T.D. : Tout simplement. Ils m’ont téléphoné et m’ont demandé de le faire.
Q: C’est effectivement tout simple. Si seulement c’était toujours aussi simple…
T.D. : Et bien généralement, ça l’est. Voici ce qui est arrivé : ils m’ont appelé et demandé si je voulais le faire. Ça ne veut pas forcément dire que j’étais leur premier choix bien sur. Des fois, heureusement, je suis la personne qu’ils avaient en mémoire, et je suis flatté, mais parfois je ne suis que leur 79e choix.
Q : alors qui est Sir Malcom ?
TD : Et bien ce n’est pas une réponse ni une citation originale, mais j’adore la réplique du personnage de Vanessa qui est joué par Eva [Green] : « Vous êtes un homme faible, fou, pervers et vain ». Ce à quoi j’ajouterai qu’il est aussi : obsessionnel, déterminé, impitoyable et manipulateur. Et comme vous pouvez le voir, je suis quand même un des « gentils » de la série.
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Un lion en hiver (1968) – Phillipe 2
TD : Voici un film qui était superbement écrit. Je veux dire, si on revient à Penny Dreadful, c’est une série très bien écrite par John Logan [le scénariste de Skyfall]. C’est un très bon dramaturge. Mais de nos jours, c’est de plus en plus rare de trouver quelque chose qui n’est pas simplement bien écrit en tant que tel, mais qui a été écrit par quelqu’un qui a un vrai sens de la narration, et qui comprend la façon de raconter des histoires et de construire un drame.
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Q : Plusieurs sources disent que vous deviez tenir le rôle de James Bond, plusieurs années avant que vous l’ayez finalement accepté.
TD : c’est vrai. Juste après que Sean Connery soit parti.
Q : et vous ne vous sentiez pas de le faire ?
TD : Oh, ça me semblait une drôle d’idée. J’étais très flatté que quelqu’un ait eu l’idée même de penser que je devrais le faire, mais vous voyez, j’avais un peu plus de vingt ans, et puis, quand on y réfléchit, ça semblait juste idiot de remplacer Sean Connery. Je veux dire, même si j’étais parfait pour le rôle, même si je pensais que je serai excellent en James Bond et même si j’adorais l’idée de prendre la suite, j’aurais tout de même dit « non ». Ça n’avait juste pas de sens de passer après Sean Connery à une époque où ces films étaient… Je me rappelle y aller quand j’étais adolescent. Vous ne pouvez pas juste prendre le rôle après Sean Connery dans une série qui est à son apogée. Après Dr No, après Bons baisers de Russie, après Goldfinger. Je ne sais pas combien il en a fait, mais pour moi, ce sont toujours les meilleurs. On ne passe pas juste après cela, donc bien sûr, j’ai dis non.
Alors la question qui suit est évidemment, « pourquoi j’ai dis « oui » plus tard » ? Et bien justement parce que c’était plus tard. Il y avait eu Lazenby, il y avait eu Roger Moore. Je crois qu’à cette époque, tout le monde avait accepté l’idée que la série allait durer. Personne n’essayait d’exploiter à la légère ce succès, ce qui aurait été une garantie d’échec. C’est une série où les producteurs ont honnêtement essayé de faire chaque film meilleur que le précédent. Une série où les producteurs tiraient une fierté de leur travail et voulait maintenir la qualité. C’est original, et sans doute lié au fait que c’est toujours contrôlé par une même famille, les Broccolis. Et Saltzman aussi dans un premier temps, mais il était déjà parti quand j’ai pris le rôle. Si ça avait été un studio, la trajectoire prise par les films aurait certainement été entièrement différente. Mais puisqu’il s’agissait de M. Broccoli et de sa famille… Il s’agissait de toute leur vie. Ils étaient fiers de leur série et essayaient de faire les choses bien, ce qui est un avantage. Et maintenant que trois personnes avaient déjà joué le rôle, et que j’étais plus vieux (d’environ 10, 12, 15 ans…), ça valait le coup d’essayer.
Q : et quand vous êtes arrivé, c’était avec le profond désir de jouer 007 aussi près du personnage de Ian Fleming que possible.
TD : et bien c’est venu avec les circonstances. Ça allait avec une perception à l’époque, et je la partageais, que la série, même si elle était toujours très distrayante, était devenue plutôt parodique. Il y avait des blagues et des haussements de sourcils qui étaient devenus vraiment trop légers. Et le producteur, M. Broccoli, sentait et avait envie d’essayer quelque chose plus proche des films originaux comme ceux de Connery. Je les avais tous adoré, et les romans également. Mais je pense qu’au final, pour avoir un vrai succès, il faut que le public s’identifie au héros. Il faut les impliquer dans l’histoire, et leur donner suffisamment pour qu’ils mettent de coté leur incrédulité, et puissent réellement se projeter dans l’histoire. Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de place pour la comédie. Il faut toujours qu’il y en ait. Rien de tel que la comédie.
C’était donc l’approche générale sur laquelle nous sommes partis, et on s’est rendu compte alors que personne ne voulait que ça change ! Le studio ne voulait rien changer, les gens qui travaillent dessus ne voulaient rien changer… Tout le monde était content avec la façon dont ça fonctionnait et se disait « Oui, d’accord, ça devient un peu plat, un peu trop ci, pas assez cela ». Mais personne ne souhaitait vraiment que ça change. Ce n’était pas aussi facile que je l’espérais. Maintenant ça l’est. Je pense qu’avec Daniel Craig, les gens l’ont compris. Mais il a fallu, quoi, presque 20 ans avant qu’ils s’embarquent vraiment dans quelque chose de plus crédible.
Q : Alors comment voyez vous aujourd’hui Tuer n’est pas jouer et Permis de Tuer ?
TD : Est bien c’est… étrange, et il faut que je fasse attention à ce que je vais dire parce que bien sûr, tout le monde est intéressé dès qu’il s’agit de Bond. C’est presque comme une parenthèse ou une bulle dans la vie de quelqu’un. Tout le monde voit les films de James Bond comme quelque chose de très différent de tout autre chose. Ce que je veux dire, c’est que les journalistes viennent voir le film en connaissant déjà l’histoire qu’ils vont écrire, alors que pour un article normal, on découvre au fur et à mesure qu’est ce qu’on va pouvoir raconter. On découvre ce qu’on joue, cela fait parti de processus créatif. Mais dans un film de James Bond ? Non. Les gens savent ce qu’ils ont envie de voir, et ils ont une idée très très précise de ce qu’ils ont envie de raconter, indépendamment du film. Tout le monde a une opinion, depuis les exécutifs qui gèrent le studio jusqu’aux personnes qu’on croise dans la rue. On est presque… en dehors de tout le reste.
Personne, peu importe la façon dont l’on s’exprime, ne peut vous dire ce que c’est que d’être l’acteur qui joue James Bond, et je ne peux certainement pas le retranscrire précisément. C’est un moment vraiment étonnant. On est dans une bulle. C’est réel, précieux, excitant, et ça procure beaucoup de plaisir. Mais ça semble toujours en dehors du schéma habituel de ce que nous vivons tous.
Q : mais ça a été une expérience
TD : Et quelle expérience ! Une expérience fantastique.
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