Aujourd’hui sur CJB, nous abordons l’histoire du James Bond perdu, non je ne vous parle pas de Warhead, mais bien de Per Fine Ounce, le roman de Geoffrey Jenkins !
Mais alors, qu’est ce que Per Fine Ounce ?
Et bien, pour ceux qui ne le saurait pas, Per Fine Ounce est le titre d’un roman inédit écrit par Geoffrey Jenkins qui devait mettre en scène James Bond. Il a été achevé en 1966 et est aujourd’hui considéré comme perdu par les fans, car bien qu’il ait été commandé par Glidrose (devenu aujourd’hui Ian Fleming Publications), les éditeurs officiels de James Bond, il a été rejeté à la publication, manquant ainsi l’occasion de devenir le premier roman de James Bond post-Fleming.
Pour mieux comprendre l’histoire de ce roman, intéressons nous d’abord à l’homme qui l’a écrit :
Geoffrey Jenkins était un journaliste, romancier et scénariste né en Afrique du Sud en 1920. A l’age de ses 17 ans, en 1947, il remporte la Lord Kemsley Commonwealth Journalistic Scholarship puis se rend à Londres en tant que sous-rédacteur en chef invité, il travaille pour le Sunday Times et d’autres journaux du groupe Kemsley, où il rencontre Ian Fleming. Les deux hommes sont devenus amis et ont gardé contact. En 1959, Jenkins écrit l’un des thrillers les plus populaires de son époque, A Twist of Sand (sortie en France sous le titre de La Côte des Épaves ou Du sable et des diamants pour l’adaptation cinématographique), le roman fut un succès instantané et Ian Fleming contribua à l’avenir de Jenkins en le désignant comme un « maître du suspense ». Fleming pensait effectivement beaucoup de bien de son protégé, il a par exemple écrit dans le Sunday Times : « Geoffrey Jenkins a le don suprême de l’originalité ». Il n’était pas étonnant que Fleming soit un tel admirateur du travail de Jenkins car, à bien des égards, il était semblable au sien. Jusqu’à sa mort en 2001, Jenkins à écrit au total seize romans qui se sont vendus à plus de 50.000.000 exemplaires de par le monde.
Après la mort de Ian Fleming en 1964, l’écrivain britannique John Pearson se met à écrire une biographie sur le créateur de James Bond. Pour ce faire, il contacte autant de personnes que possible dans le but de leurs demander les souvenirs qu’ils ont de Fleming. Le 6 Juin 1965, il écrit à Geoffrey Jenkins. Dans sa réponse, Jenkins lui révéle avoir pensé, dans les années 50, à un roman de James Bond se déroulant en Afrique du Sud (dont au lac Fundudzi) et qu’il en avait écrit les grandes lignes ; Fleming les avaient beaucoup aimé et pensait qu’il y avait là un grand potentiel. Par la suite, Fleming et Jenkins en ont longuement discuté et Fleming y a apporté quelques modifications. Cependant Ian lui écrivit qu’il « devait connaitre les gouts, les odeurs, et voir l’Afrique du Sud de par lui-même » et que « sans cela, ce n’était pas pour lui ». A deux occasion il a décidé de s’y rendre mais dans les deux cas, quelque chose se passa qu’il l’obligea à reporter et finalement, Fleming mourut avant d’avoir plus s’y rendre. Pour finir sa lettre, Jenkins qui semblait avoir égaré l’intrigue de ce James Bond, demande à Pearson si il ne peut pas retrouver le synopsis dans les papiers de Fleming, en précisant qu’il s’agit d’environ 25 pages dactylographiées.
Pearson a bien entendu été très excité par cette révélation, et plus encore lorsqu’il a trouvé une partie du Bond de Jenkins dans les documents de Fleming. Le 1er octobre 1965, Pearson lui répond en le remerciant pour sa « magnifique lettre » et lui dit : « Peut-être que vous devriez l’écrire [Le Bond] vous-même maintenant ? ». Jenkins lui répond le 6 octobre 1965 en lui disant qu’il aimerait bien revoir les grandes lignes : « Ian était très enthousiaste, comme je l’ai mentionné, nous en avons discuté verbalement au fil du temps et avons fait un bon nombre de changements. Je sais ce qu’il avait en tête pour le roman et l’approche qu’il envisageait. » ; il propose à Pearson de le rencontrer le mois prochain. Le lendemain de leur rencontre, Pearson écrit à Jenkins : « Je souhaite que vous écriviez ce livre. Il suffit de lire votre résumé pour comprendre pourquoi Ian a tellement été excité à ce sujet, et vous ne pouvez pas permettre un à un aussi magnifique matériel de finir aux déchets. Des chaînes de vélo en or et des cercueils en bois de baobab. Qu’est ce qu’un aficionados de Bond pourrait demander de plus ? »
Dans le même temps, Glidrose envisage de demander à d’autres auteurs de continuer les aventures littéraires de James Bond sous le pseudonyme de Robert Markham. Ann, l’épouse de Fleming, était contre cette idée et Peter Fleming, le frère de Ian qui était le directeur de Glidrose à l’époque, était pour. Glidrose à peut-être été intéressé par l’idée qu’un ami de Fleming, un écrivain de thrillers devenus best-seller puisse démarrer, qui plus est avec une intrigue d’un roman de James Bond que Fleming avait lui-même consentit et « amélioré ».
En novembre 1965, Jenkins rencontre Harry Saltzman, coproducteur des films de James Bond entre 1962 et 1974, et Charles Tyrell de Glidrose pour discuter de la possibilité de faire de son synopsis sud-africain, le premier roman de « continuation ». Jenkins est cependant devenu réticent, il sentait que le synopsis ne serait pas satisfaisant dans la mesure où l’histoire allait changer au fur et à mesure qu’il l’écrirait. Les négociations furent longues (voir des échanges épistolaires ici), il y avait des inquiétudes de la part de Ann, notamment concernant les droits d’auteurs. Il était aussi question de savoir qui de Jonathan Cape (l’éditeur de Fleming) ou de William Collins (l’éditeur de Jenkins) allait publier le roman.
Finalement, Geoffrey Jenkins à été informé que Ann avait donné son consentement et il a officiellement eu la permission d’écrire le livre le 12 mai 1966. Un contrat fut établi le 24 août 1966, celui-ci déclarait que Jenkins aurait droit à une part des profits dans n’importe quel films réalisés à partir du roman (mais pas sur de quelconque produit dérivés qui pourrait venir avec). Il eu six mois pour écrire le manuscrit qui devait être d’au moins 65 000 mots. Il semblerais qu’il ait été assez mécontent de ce délais, et qu’il ait dit Glidrose qu’il écrirait le livre de toute façon.
Peu de gens ont connu le scénario de Per Fine Ounce. Andy Lane et Paul Simpson ont indiqués qu’il était basé sur l’histoire sur laquelle Jenkins avait travaillé avec Fleming, qu’elle se déroulait en Afrique du Sud et traitait de trafiquants de diamants avec quelques ressemblances avec les deux romans de Fleming : Les diamants sont éternels et Les contrebandiers du diamant. Toutefois, dans une interview du magazine Kiss Kiss Bang Bang publiée en 2005, Peter Janson-Smith, agent littéraire de Ian Fleming et ancien président de Glidrose, a affirmé qu’il croyait que l’histoire était plutôt basée sur l’or, ce qui donnerait plus de sens au titre et aux chaînes de vélo en or. On peut raisonnablement supposer que Jenkins à utilisé dans son roman les éléments qui sont mentionné dans ses échanges épistolaires avec Pearson. Quatre pages du brouillon du manuscrit ont été découvertes en 2005, elles nous apprennent que la section double-0 a été fermée et que James Bond défie M sur une question de principe, démissionnant du MI6 et poursuivant sa mission en Afrique du Sud seul ; il est aussi question de bouteilles de gaz et d’avions transportant de l’or.
En dépit du fait que Jenkins était l’écrivain de quatre best-sellers à suspens dans le style de Fleming, que l’histoire paraissait prometteuse, et qu’il était un ami et collègue de Fleming qui avait lui-même donné sa bénédiction pour le projet, Glidrose a finalement rejeté le manuscrit que Jenkins lui avait soumis. Peter Janson-Smith a raconté plus tard qu’il avait été rejeté au motif qu’il n’était pas à la hauteur « Franchement, je pensais qu’il était extraordinairement mal écrit », « Il y avait une rumeur qui circulait disant que Jenkins était très bon pour créer des intrigues, mais qu’il n’avait pas beaucoup d’un écrivain », ce qui semble en contradiction avec les autres romans de Jenkins, qui était tous des best-sellers. Peter Janson-Smith a également admis que Glidrose était peut-être « plus strict qu’aujourd’hui ». Le problème du choix de l’éditeur pour Per Fine Ounce à peut-être également jouer un rôle dans ce refus. Quoi qu’il en soit, les raisons de ce rejet n’ont jamais été clairs. Harry Saltzman, qui avait plus tôt suggéré que Per Fine Ounce pourrait faire partie des prochain films de James Bond, fut furieux devant la décision de Glidrose et ne manqua pas de le faire savoir.
Aujourd’hui, Per Fine Ounce est considéré comme le « Bond perdu » car le manuscrit de Jenkins n’a jamais été retrouvé dans son intégralité, seul une petite quantité de pages ont refait surface. On ignore même ce qu’il est advenue du manuscrit. Une rumeur dit qu’il en existerait une copie dans les archives de Ian Fleming Publications. Cependant Peter Janson-Smith a déclaré qu’il ne croyait pas que Ian Fleming Publications détienne toujours une copie, et qu’il était plus probable que le manuscrit ait été renvoyé pour des raisons juridiques (afin de ne pas être poursuivi à l’avenir pour plagiat si un livre avec une intrigue similaire était publié). Une autre rumeur rapportait que Raymond Benson avait lu le manuscrit Jenkins dans les archives de Ian Fleming Publications, Benson a plus tard déclaré qu’il n’avait jamais vu le manuscrit. Il y a toujours la possibilité qu’Harry Saltzman Estate pourrait avoir une copie du manuscrit car après tout, Saltzman a personnellement défendu l’histoire de Jenkins. Les héritiers de Jenkins sont toujours à la recherche du manuscrit avec l’intention de le publier (en changeant les nom des personnages) si ils parvenaient à le retrouver ; David, le fils de Jenkins, ne pense pas que son père l’ait détruit.
Le contrat que Geoffrey Jenkins avait avec Glidrose lui permettait de réutiliser le matériel de son roman dans le cas d’un rejet, à condition de ne pas utiliser les personnages de Ian Fleming. Jenkins l’a peut-être fait dans ses romans, dont dans A Cleft Of Stars (1973) qui se déroule dans la même zone de l’Afrique du Sud que Per Fine Ounce et qui implique un héros qui se cache temporairement dans un baobab ainsi que des diamants et de l’or ; tout en ne contenant pas d’agents des services secrets britanniques.
En 1966, l’année où Per Fine Ounce à été rejeté, Jenkins publie un roman intitulé Opération petite ourse (Hunter-Killer) qui débute par « l’enterrement » d’un certain commander Geoffrey Peace. Son corps se trouve à bord d’un sous-marin nucléaire britannique et il doit être rendu à la mer avec les complet honneurs de la Royal Navy. Cependant, Geoffrey Peace n’est pas réellement mort, il s’agit en réalité d’une ruse pour tromper en particulier la CIA et d’autres organismes du gouvernement des États-Unis. Cela n’a jamais été confirmé, mais il fut largement spéculé qu’Harry Saltzman aurait acheté sous la table cette scène d’Opération petite ourse à Jenkins pour l’inclure dans le film On ne vit que deux fois ; comme une petite compensation pour le rejet de Per Fine Ounce. Le roman contient également diverses références à Ian Fleming et son personnage James Bond.
Après le rejet de Per Fine Ounce , Gildrose publiera en 1967 la parenthèse 003½: Les Aventures de James Bond Junior, un roman mettant en scène le neveu de James Bond écrit sous le pseudonyme RD Mascott, avant de publier Colonel Sun de Kingsley Amis en 1968, qui marque le « vrai » début des romans de « continuation » de James Bond. En réalité, Kingsley Amis avait été approché au moins cinq mois avant que Jenkins n’envoie son contrat. Amis était un candidat sérieux : en plus d’être un romancier respecté, il avait relu le manuscrit de L’Homme au pistolet d’or à la mort de Fleming et publié deux ouvrages sur James Bond. On ignore si Jenkins savait qu’il n’était pas le seul candidat de Glidrose mais il semblerait, selon Duff Hart-Davis, qu’il aurait fait fait pression en envoyant une lettre au conseil de Glidrose déclarant qu’il avait la seule vrai continuation, car il avait écrit le synopsis de Per Fine Ounce à la demande de Fleming, et que celui-ci en était très enthousiaste.
En 2005, Titan Books a publié une réimpression d’une bande dessinée basée sur Colonel Sun. Dans l’introduction, il est précisé qu’Amis, au milieu des années 1970, avait fait pression chez Eon Productions (producteurs de la franchise James Bond) pour produire un film basé sur son roman. Il semblerait qu’il ait été dit qu’Harry Saltzman avait interdit n’importe quel film qui serait basé sur Colonel Sun du fait que Glidrose avait refusé de publier Per Fine Ounce. De nos jours encore, il n’y a toujours pas eu de films de James Bond basé sur des romans de « continuation ».
En 2010, deux pages du manuscrit perdu de Jenkins ont été dévoilé exclusivement sur mi6-hq (consultables ici). Il s’agit de deux des quatre pages découvertes en 2005, l’extrait révèle un briefing entre 007 et M ; elles ont été fournis par Ronald Payne de Jenkins Estate. David Jenkins possède aujourd’hui 18 pages de l’histoire originale, ce qu’il est advenu des autres 300 pages (environ) reste encore un mystère à ce jour…
Et d’un remake…
Alors pourquoi nous parlons vous de Per Fine Ounce aujourd’hui ? Et bien, en dehors du fait que le sujet valait le coup d’être traitè, il y a récemment eu un événement qui à échappé aux communautés bondienne…
En 2008, Ronald Payne exprimait sur The Spy Wise Blog que plusieurs éditeurs de New York l’avait contacté pour une publication de Per Fine Ounce tout en changeant le nom des personnages pour des raisons évidentes de copyright. Précisant que les quelques pages connus du roman offrent d’intrigante possibilités, Payne lance un appel a des auteurs, ou leurs agents, pour notamment écrire un roman basé sur le commander Geoffrey Peace, le personnage le plus populaire de Jenkins, qui apparait dans deux de ses livres.
Il semblerait aujourd’hui que ce soit chose faite puisque le 24 septembre dernier, sortait un roman intitulé Per Fine Ounce, écrit par Peter Vollmer.
La préface du roman précise entre-autre que celui-ci est inspiré des pages qui ont étés retrouvés du James Bond perdu de Jenkins (des photos des deux mêmes pages qui sont trouvables sur mi6-hq sont d’ailleurs inclus dans le livre). Le roman serait écrit dans le même style, et les personnages ont étés changés afin de supprimer toutes références aux personnages de l’univers de James Bond. Il est également précisé qu’il est espéré que la publication de ce roman approuvé par David Jenkins et Jenkins Estate, puisse encouragé Ian Fleming Publication à publier la version original de Per Fine Ounce. Décidément, la rumeur disant qu’il existerait une copie du manuscrit dans les archives de Ian Fleming Publications persiste…
Pour ce roman, le personnage de James Bond a été remplacé par Geoffrey Peace, un lieutenant-commander durant la seconde Guerre Mondial qui a été destitué de la Royal Navy dans La Côte des Épaves, après avoir refusé d’admettre qu’il était en mission secrète pour le directeur de la Naval Intelligence. Dans Opération petite ourse, Peace est rétablie dans la Royal Navy et est promu commander.
Il faut cependant gardé en tête que le Per Fine Ounce de Peter Vollmer est différent de celui de Jenkins. Effectivement, comme nous l’avons précisé auparavant, seulement 18 pages du James Bond perdu ont été retrouvés ; l’auteur a par ailleurs déclaré sur literary007 qu’il a eu accès au synopsis de Jenkins mais qu’il ne l’a étrangement pas utilisé pour son livre. Ceci n’empêche pas le fait que le livre est peut-être excellent (l’ayant lu, vous pouvez retrouver mon avis dans les commentaires de cet article) ; et je conseillerais a ceux qui voudrais le lire, de ne pas s’y lancer en ayant vraiment dans l’optique qu’il s’agisse d’un James Bond, ou du roman de Jenkins. Précisons tout de même que Peter Vollmer à vécu en Afrique du Sud et en Namibie, et qu’il est l’auteur d’un autre roman ayant pour thème le trafic de diamant, Diamonds are but Stone.
Le synopsis du roman de Vollmer est le suivant :
Le commander Geoffrey Peace, ex sous-marinier, est détaché au MI6. Il est envoyé sous couverture en Afrique du Sud afin d’enquêter sur un groupe d’Afrikaners d’extrême droite actif dans des mines d’or, et qui aurait une cargaison de lingots d’or en route pour la Grande-Bretagne. Ce groupe a acquis des armes nucléaires avant que celles de l’arsenal sud-africain aient été démantelés, et le MI6 a des raisons de pensé que ces armes seraient cachés dans une mine situé dans le désert…
Pour ceux qui seraient intéressés par le Per Fine Ounce de Peter Vollmer, le roman peut être acheté en version anglaise (uniquement), en format papier et en livre électronique (Kindle). De longs extraits du livres sont disponibles sur Google Books.
Sources :
Merci à Guy007 pour avoir découvert l’existence du roman de Vollmer
Blog de Jeremy Duns
The Spy Wise Blog
Bawiseconsulting
007 Forever
mi6-hq
Prlog
[…] y a fort peu longtemps, nous vous parlions du roman perdu de James Bond, Per Fine Ounce ; aujourd’hui il est temps de s’attaquer aux films perdus. Autant le dire tout de […]
Bon, je viens de terminer le Per Fine Ounce de Peter Vollmer, voici une critique express :
Après un court prologue, le roman s’ouvre sur Londres où nous retrouvons notre héros, le Commander Geoffrey Peace, devant le bâtiment des services secrets. Très vite il entre et retrouve son supérieur, pas M mais le VA (Vice Amiral) qui a lui aussi une secrétaire particulière (avec qui Peace flirt).
Le décor est planté, on se retrouve vite dans un univers de style bondien mais on y sort assez rapidement : ce roman fait en effet peu de référence à la série des James Bond et Geoffrey Peace n’est pas vraiment ce dernier. L’auteur ne semble pas vouloir rentrer dans un pastiche pur du héros de Fleming mais « créer » un personnage différent (bien qu’il ait des points communs – n’ayant pas lu les romans de Jenkins, je ne sais pas comment était Peace dans ceux-ci). Pas de panique, on a tout de même la forte impression d’être dans un bon récit bondien de ces dernières années.
Cela m’amène à un autre point, à quel point le roman de Vollmer est inspiré du Per Fine Ounce originale ? C’est là que le bas blesse ! Dans une récente interview (de literary007), l’auteur déclare avoir eu accès au synopsis de roman de Jenkins qu’il n’a pas plus utilisé à cause de copyright (wtf ?) et donc qu’il a donc écrit sa propre version. Les deux pages scannés du roman original qui sont présentes dans l’intro du livre de Vollmer semblent dire : « Hey’ ! Tu m’as vue ? Et bien tu ne me verras pas dans le roman ! ». Effectivement cette scène entre M, Bond, Sir Benjamin qui évoque la démission de Bond et des bouteilles de gaz n’est pas présente dans le roman de Vollmer (tout comme la démission et les bouteilles de gaz). Par ailleurs le lac Fundudzi et les cercueils en bois de baobab ne le sont pas non plus (Putain quoi, you have one job ! One fucking job !). Si le héros se cache tout de même dans un baobab (qui, je le rappelle, est une scène de A Cleft Of Stars et non PFO) et il y a des chaines en or (à peine mentionnés dans un contexte très décevant : elles servent de laisses pour les animaux particuliers du méchant), c’est très décevant sur ce point !
Après ce petit coup de gueule, la question est de savoir si ce roman est tout de même un bon roman. Et étonnant, oui il l’est ! Peace enquête sur un certain VanRhyn, un homme bien raciste et propriétaire de mines d’or qui est soupçonné d’avoir des armes nucléaires. Le méchant est plutôt bien et cruel. Dans sa quête, Peace tombe sur des nombreuses de filles qui sont toutes très différentes et intéressantes.
La plupart de l’action se déroule dans l’Afrique du Sud et la Nambie de la fin des années 80 sur un fond d’apartheid (et non les années 60 comme dans le PFO de Jenkins). Les paysages ont l’air magnifiques et on sent que l’auteur maitrise vraiment son sujet. C’est vraiment un roman plus orienté action, il y en a beaucoup, ainsi que de l’infiltration (qui est très jouissive) ; la fin est une véritable chasse à l’homme. À quelques passages près, c’est relativement simple à suivre (bien que pas forcement toujours facile à lire). On regrettera toutefois quelques longues ellipses et de rares éléments un peu vagues.
En définitive, bien que ce roman ne soit pas vraiment proche de quelques façons que ce soit avec le Per Fine Ounce de Jenkins, c’est tout même un très bon roman que j’ai bien aimé. À ceux qui voudraient si essayer, je le leur conseille d’attendre quelques semaines car une seconde édition est prévue avec un chapitre supplémentaire et une correction orthographique (car bien que cela ne me gène absolument pas, il y’a des tas de fautes).
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