Avec Goldfinger Guy Hamilton offre une réalisation nouvelle pour la saga, plus exposée à la lumière, plus haute en couleur car l’action se passe majoritairement en plein jour. Il faut que ça brille bien sûr ! Il rompt ainsi avec le style plus froid dont faisait preuve avec talent Terence Young.
Une question de point de vue
Penchons nous sur la mise en avant de tout ce qui relève de l’observation, des visuels du monde de l’espionnage, ce qui est en adéquation avec l’univers de l’agent secret. Or on remarque qu’un élément de mise en scène revient à plusieurs reprise dans le film.
Tout d’abord, lors d’une des premières scènes clefs du film, celle où Bond découvre sur la terrasse une « Golden-girl » qui observe à l’aide de jumelles la partie de cartes que dispute Auric Goldfinger. La scène se présente ainsi, l’observant Bond et l’observée Jill Masterson. Elle instaure du suspens et donne l’allure féline à Sean Connery. Tout comme Bond, le spectateur est stimulé en découvrant l’envers du décors des parties de cartes de Mr.Goldfiiingeeer ! Il s’agit d’un procédé que ré-utiliseras plusieurs fois Guy Hamilton dans le film.
En Suisse, lorsque le spectateur pense que seul Bond observe Goldfinger. 007 est filmé en contre-plongé, dominant ainsi la scène, le faisant maître de la situation comme c’est le cas depuis le début de l’histoire. Or ,il n’en est rien puisqu’un nouveau plan intervient, celui qui illustre un nouvel observant : Tilly Masterson. L’option d’Hamilton est de créer un décalage entre la réalité du personnage et la vision du spectateur. Ce dernier a son propre point de vue, comme si nous étions un quatrième personnage qui surveille la scène de derrière. Ceci rejoint ce que disait Guy Hamilton sur sa façon de faire des films, il veut « jouer avec le public« . La position de Bond n’est pas anodine, elle permet de situer l’agent secret entre deux points de vue différent. Celui de Goldfinger, un tricheur avide d’or et génie du crime et celui de Tilly Masterson qui entreprend ce que James a un temps penser à faire : venger la mort de Jill Masterson.
Toujours en Suisse, où Bond traverse un décor correspondant parfaitement au roman éponyme. Ces paysages hélas très rarement illustrés dans la saga, offrent toujours une découverte nouvelle à chaque visionnage. Alors que l’agent secret surveille les entrepôts Auric Enterprises, en présence encore une fois de jumelles, la caméra se place derrière Sean Connery. Nous sommes les spectateurs qui observons un protagoniste qui lui-même observe quelque chose. C’est ce que faisait Hopper dans quelques-unes de ces œuvres telles que : « Morning Sun » ou encore « Eleven« . Un autre exemple dans la saga : Skyfall, 007 et Patrice à Shanghai.
D’autres scènes illustrent cette idée, comme dans l’avion, l’horloge et la glace qui sont un moyen de surveiller Bond. On retrouve encore une fois le voyeurisme quand, lors du monologue de Goldfinger devant les gangsters, Bond observe le briefing du centre de la maquette, sous Fort Knox. El il y a aussi d’autres observations à distance : Félix observant Bond dans le ranch de Goldfinger, ce dernier leur offrant un show où Bond semble aller bien. Et puis bien sûr l’Aston de Bond qui s’y met aussi, en observant à distance la Rolls de Goldfinger grâce à son GPS. Cela fait donc beaucoup de scènes d’espionnages au sens propre, les personnages s’observant de façon dissimulée les uns des autres.
Sidney, Dites à Mei Lei de garder un œil sur Bond
Pussy Galore
Un côté voyeurisme ressort de tout ça, propre à une époque qui a connu « Psycho » ou « Rear Window ». En ce sens c’est ce qui peut rapprocher « From Russia with Love » et « Goldfinger ». On a du mal à mettre côté-à-côte ces deux films ne serait-ce que par leur ambiance visuelle. Mais cette fracture visuelle a pu exprimer en leurs temps que James Bond pouvait être vu par plusieurs cinéastes et ainsi permis à ce personnage d’exister encore plus de 50 ans après. Goldfinger fut le tournant populaire de la saga, notamment grâce à une esthétique très design, des couleurs clinquantes et un visuel pop années 60. Le thème instrumental « Goldfinger » qui fait son apparition en triomphe à chaque moment de bravoure de l’antagoniste, raisonne comme une gloire prédestinée, une célébration du film lui-même. Et c’est évidement un élément qui a contribué au succès de Goldfinger.
Ne pas oublier un élèment crucial qui distingue GF des précédents opus : la distanciation volontaire et l’accent mis sur l’humour ‘ tongue-in-cheek ‘ par son réalisateur Guy Hamilton .
Lequel ne pensait pas qu’il serait possible d’adapter le récit de Fleming verbatim , mais qu’il fallait créer une complicité entre le héros et son public …
Encore une question de point de vue donc .
complicite avec le hero que l on retrouve dans skyfall derrriere la visee
du fusil de chasse ou lorsque bond court dans les rues de london