L’ami Cédric, rédacteur en chef du site CTCQJ – Chronique (pas) toujours culturelles, s’invite aujourd’hui sur CJB pour partager sa passion du premier film avec Pierce Brosnan. On publie sa chronique plus tôt que prévu en hommage à l’acteur allemand Gottfried John qui nous a quitté et incarnait l’inoubliable général russe Ourumov dans Goldeneye.
Cela fait déjà quelques temps que je voulais pondre un article sur Goldeneye, le dix septième James Bond de la saga. C’est grâce à ce film que ma passion pour le cinéma s’est éveillée et je suis, qui plus est, encore aujourd’hui un grand fan des films de l’agent secret. Avec le recul on affine son jugement. Cela m’a permis de me rendre compte de toute l’étendue de la réussite de ce film bourré des moments épiques alors que la franchise avait faillit disparaitre quelques années plus tôt. Presque un OVNI parmi les James Bond, ce Goldeneye a quelque chose de particulier qui le rend inoubliable malgré des défauts et quelques rides presque 20 ans après sa sortie au cinéma.
Le retour de la franchise
Le succès des Bond des années 1960 et 1970 n’a cessé de croitre avec le temps. Au point que tous les deux ans sortait un nouvel épisode, ce qui a indéniablement provoqué quelques ratés (Moonraker) même si le box office s’est régalé. Les années 1980 ont été plus compliquées car à l’heure d’un nouveau genre de films d’action (Stallone, Schwarzenegger ,…), le public s’est détourné de 007. Ainsi, Timothy Dalton n’a pas fait long feu dans le costume de l’agent britannique en dépit d’un excellent Permis de Tuer qui n’est rien d’autre que le prolongement des derniers Daniel Craig. A croire qu’il avait 20 ans d’avance… La franchise n’était pas loin d’être enterrée jusqu’au moment où la production est repartie de plus belle avec pour objectif de se lancer sur de nouvelles bases. Exit Dalton et welcome Brosnan ! L’acteur irlandais avait déjà été approché par le passé pour incarner Bond mais ses obligations contractuelles pour la télévision (comme la série Remington Steele) lui avaient fait rater cette opportunité. Sa présentation est faite en grande pompe par les producteurs « gardiens du temple » que sont Barbara Broccoli, fille de, et Michael Wilson. A partir de là, la presse s’enflamme et la production de Goldeneye est officiellement lancée.
Un scénario dans son temps
Au début des années 1990, le monde géopolitique change énormément. Après des années des guerre froide et d’un antagonisme entre l’Est et l’Ouest qui a longtemps régalé les scénaristes de James Bond, il a fallu se remettre en question. Bond doit être en adéquation avec son temps, ce n’est pas un héros du passé. L’occasion également de prendre plus de liberté quand au background des romans de Ian Fleming. Ainsi, l’histoire prend place après la chute de l’URSS. Alors que tout le monde pense la menace soviétique révolue, quelques irréductibles s’installent sur les ruines de la Mère Patrie pour tenter une manœuvre terroriste. Dans le fond, on est certes en plein dans la facilité puisque les mecs veulent détruire l’Angleterre mais il y a un peu de de finesse puisque cette attaque n’a rien d’atomique. En effet, l’organisation appelée Janus (comme la déesse aux deux visages et non comme mon boule [vulgaire]) veut balancer une charge électromagnétique pour détruire tous les systèmes électriques et électroniques du monde civilisé. Good bye the City, l’occasion de rafler quelques millions au passage. La saga entame donc sa transition dans un monde qui l’est tout autant.
Des personnages hauts en couleurs
Alors là c’est de la pure régalade. Quand on est gamin et que l’on voit ca, impossible de ne pas garder toutes ces sales tronches en tête ! D’abord il y a ce nouveau James Bond, sous les traits de Pierce Brosnan qui atteignait, en 1995, les sommets de la classe incarnée. La coiffure impeccable, les mimiques parfaites, on se dit que l’irlandais est l’homme de la situation. Gros changement également à la tête des services secrets britanniques avec l’arrivée de l’immense Judi Dench dans le rôle de M. Le personnage devient féminin et augure des dialogues piquants pour les films suivants, jusqu’au dernier Skyfall.
Du côté des méchants, c’est festival. D’abord, mon big up va pour Gottfried John alias le Général Ouroumov. Cet accent, ce visage et puis son rôle de salaud invétéré ! C’est juste regrettable qu’il prenne du plomb dans la tête avant la dernière partie du film. Sean Bean est le grand méchant, ancien camarade de 007 qui n’hésite pas à trahir pour arriver à ses fins. Sa balafre sur la joue et ce regard machiavélique ne laissent pas tranquille. Pas le vilain le plus charismatique de la saga mais sans aucun doute le meilleur de la génération Brosnan. Et puis n’oublions pas Xenia Onatopp (Famke Janssen), la bombe russe prenant un plaisir orgasmique à tuer avec son AKS-74U ou « simplement » en étouffant ses partenaires d’une nuit entres ses cuisses !!! Les mecs qui ont eu cet idée sont vraiment fondus. Rajoutons les personnages de Boris Grishenko et Valentin Zukovsky, Jack Wade et… Dimitri Mishkin joué par Tchéky Karyo. Quelques secondes à l’écran, mais c’est énorme. C’est vrai que je ne dit rien sur la bond girl (jouée par Izabella Scorupco), mais c’est mieux ainsi. Il est simplement dommage que sa présence au casting n’ait eu aucun effet pour faire décoller sa carrière. Avouons que Le Règne du Feu est une splendide bouse.
Des scènes cultes
Difficile de choisir une scène épique en particulier tellement Goldeneye en est rempli. L’action est clairement au rendez vous dans des lieux plus insolites les uns que les autres. Pour n’en choisir que trois, il y a bien sûr le pré-générique rendu célèbre par l’incroyable saut à l’élastique, l’infiltration par les WC ou la fuite spectaculaire de 007 d’un complexe militaire russe. La poursuite en char d’assaut dans les rues de Saint-Pétersbourg vaut son pesant d’or ainsi que le final sur l’antenne parabolique d’Arecibo. Oui, je ne cite que les plus célèbres mais cela démontre que les grands moments sont au rendez vous. L’action n’est pas la seule car des dialogues savoureux rythment le tout : l’arrivée de Bond en Russie, la rencontre avec Zukovsky, le cimetière de statues, le briefing avec la nouvelle M, le stylo grenade, etc…
Une bande son si spéciale
Ce qui ancre également Goldeneye au rang des films cultes, c’est sa bande son. Pourtant très décriée, car il faut bien le dire qu’elle est inégale, le français Eric Serra a tenté de prendre la suite de John Barry (ce n’est pas rien). Les sons étranges, presque mécaniques font froid dans le dos comme un relent de communisme venant du froid. Un poil caricatural mais fichtrement fun. Mais ce qui restera dans les mémoires c’est évidemment le thème principal interprété par la gutturale Tina Turner avec en fond ces images de ruines soviétiques accompagnées des habituelles silhouettes sexy. A noter que le texte a été écrit par Bono et The Edge, pierres angulaires de U2.
Eric Serra remplacé pour les cinq films suivants par David Arnold qui a su reprendre l’héritage de John Barry pour lui donner des tons plus modernes puisque les cuivres trônent alors aux côtés de sons électroniques.
Des citations à la pelle
Goldeneye est un film quotable à souhait. Voici les meilleures selon moi ! Vous trouverez un florilège complet sur le wikiquote en question. VF inside !
(À un soldat russe, dans les toilettes)
Bond : Je vous demande pardon, j’ai oublié de frapper.
Bond : Je m’appelle Bond. James Bond.
Xenia : Xenia Zirgavna Onatopp.
Bond : Vous avez dit top ?
Xenia : Onatopp.
Boris : Il n’y a personne au monde qui baise Boris Grishenko !
(Boris a piraté le site de la défense américaine et leur écrit un message)
Boris : « Bonne chance pour une prochaine fois, tas de nullards ! » Boum ! Envoyé ! Je suis bien l’invincible !
M : Bon ; Moi je vous trouve sexiste, misogyne et dinosaure. Une relique de la guerre froide, dont le coté puéril et charmeur sans effet sur moi a beaucoup plu à cette jeune femme que j’ai chargée de vous évaluer.
Bond : Bien enregistré.
M : Ce n’est pas tout, 007. Si vous pensez, même brièvement, que je n’ai pas les couilles de faire mourir un agent, votre flair vous trompe du tout au tout.
Wade : Vous êtes sûr que vous voulez faire tout ça ? Le dernier qui lui a rendu visite sans être invité est reparti en avion-cargo dans plein de toutes petites boîtes.
Bond : (sourit) Veillez à ce qu’on me rapatrie en première classe.
(Bond met en joue Valentin dans le dos)
Valentin : Walther PPK. 7.65mm. Trois hommes seulement usent de cette arme et il me semble avoir tué deux de ces types.
Bond : J’ai une de ces veines.
(Bond est à son tour mit en joue par un homme de main)
Valentin : J’en doute fort.
(Bond maintient Trevelyan par un pied au dessus du vide)
Trevelyan : Pour l’Angleterre, James ?
Bond : Non. Pour moi.
(Bond lâche sa prise)
Et tout le reste
Goldeneye a relancé la saga 007 avec brio. En cela, il faut lever notre chapeau au réalisateur Martin Campbell, dictateur sur les plateaux mais capable de faire fructifier tout le potentiel d’une telle franchise. Il va rééditer cet exploit en 2006 avec le tournant Daniel Craig dans le notable Casino Royale qui quitte la certaine légèreté des précédents Bond pour quelque chose de plus dur et réaliste.
Goldeneye c’est aussi quelques restes d’un cinéma à l’ancienne, sur une période historique définitivement révolue. Remy Julienne a réalisé les cascades, et les effets spéciaux (toujours très peu de numérique dans les James Bond) ont donné à Derek Meddings l’occasion de créer des décors en taille réduite au réalisme fou pour la dernière fois. En effet, il est mort avant la sortie en salle. Hommage !
Derek Meddings et une incroyable maquette de Sevenaya
Le studio où a été tourné le film n’est pas le traditionnel Pinewood dans la région de Londres mais un hangar d’avions Rolls Royce retapé pour l’occasion. Ce studio basé à Leavesden est aujourd’hui célèbre pour abriter le musée des décors de Harry Potter car l’ensemble de ces films ont été tournés ici même ! Il a aussi abrité le tournage de Star Wars Episode I et appartient aujourd’hui à la Warner. C’est devenu un immense complexe dédié au cinéma.
Enfin, comment ne pas citer le jeu vidéo Goldeneye 007. Sorti en 1997 sur Nintendo 64, voilà l’un des plus grands jeux de l’histoire vidéo-ludique. De loin la meilleur adaptation de film jamais connue, c’est aussi l’instigateur du FPS moderne en 3D. Adulé par un grand nombre de gamers, le jeu créé par Rare n’a jamais été égalé malgré les tentatives de se réapproprier le mythe, quoique l’on peut considérer Perfect Dark comme son égal. Récemment, un remake de Goldeneye 007 a été développé (PS3/XBOX/Wii); un jeu tout à fait honorable mais finalement loin de l’original. Pour les vrais nostalgiques il existe un mod (gratuit !) sur Steam où des acharnés ont créé avec le moteur de Counter Strike Source les niveaux, armes et personnages d’époque avec une maniabilité très proche de ce que l’on connaissait. Tout cela contribue à faire perdurer l’esprit du film..
Ces éléments en font donc mon film culte par excellence. Vu et revu, je me délecte à chaque fois de Goldeneye comme si j’étais le gamin qui l’a découvert en VHS. Alors certes cette Xenia ne m’effraie plus franchement, mais nul doute qu’il reste l’un des meilleurs Bond… et plus encore. Goldeneye I’ll show him forever.
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