Il y a certaines constantes et certaines récurrences dans les affiches de James Bond, dont on ne se rend compte que lorsqu’elles sont détournées. Et souvent, cela coïncide aves un changement ou un aspect inhabituel dans le film. Panorama de ces détails.
Postures : Bond en mouvement
Une des récurrences des posters, est que Bond est souvent impassible sur les affiches, alors que tout explose à coté. Cela donne parfois même des situations un peu bizarroïdes où Bond garde les bras croisés avec son arme sur l’épaule, alors qu’il est lui même en maillot de bain,en combinaison de ski, ou encore, la tête à l’envers, défiant les lois de la gravité. Une façon de montrer que quelque soient les aventures explosives qui lui arrivent, Bond est toujours en parfaite position, détendu, serein, au top, malgré les situations extravagantes où il peut se trouver. Parfois, on veut tout de même montrer que Bond est actif, et dans ce cas, il apparaît deux fois, une fois en position « normale » et une seconde fois dans un moment de combat (à l’exemple des affiches de Thunderball ou de A view to a kill).
Moore est le premier à faire exception à la règle dans Moonraker, et ensuite dans l’affiche devenue célèbre de Rien que pour vos yeux. Là, Bond est toujours stable, mais en position de tir. Cela permet de donner une idée de Bond plus dynamique, et en train d’affronter un ennemi dangereux comme la femme à l’arbalète, ou la violoncelliste sur l’affiche de Tuer n’est pas jouer. Ça implique également plus le spectateur qui regarde l’affiche, puisque l’arme est pointée sur lui.
Mais le premier gros changement dans les postures est l’affiche de Permis de Tuer où Timothy Dalton coure sur l’affiche au lieu d’être dans une position stable. Certaines affiches du Monde ne suffit pas reprendront aussi cette idée de Bond en mouvement, en nous le présentant de profil en train d’avancer, mais tout en nous regardant.
Enfin, les deux affiches trailers de Casino Royale et Quantum of Solace nous présentent 007 en mouvement, en train d’avancer directement vers le spectateur. À noter que celle de Casino Royale dégage plus d’élan dans la marche de Craig, puisque le vent fait voler son smoking.
Regard : Le petit oiseau va sortir
Une autre habitude des posters est de voir Bond toujours en train de regarder le spectateur, même si les autres sujets de l’affiche sont derrière lui. Même lorsqu’il est en position de tire, son regard est orienté à la fois vers la cible, et vers le spectateur, de sorte que l’on croise tout de même son regard.
Là aussi, nous avons des exceptions : les deux affiches de Craig, où le regard de 007 est distrait par un point hors-cadre. Malgré le fait qu’il soit le point central de l’affiche, et qu’il n’y ait pas beaucoup d’éléments pour l’accompagner, la place qu’il prend sur l’affiche est détournée vers un point extérieur. Ce ne sont pas les deux seuls cas, car l’affiche de Meurs un autre jour présente aussi cette divergence : En effet, l’affiche est concentrée sur Bond, mais sa cible est orientée vers l’extérieure, et ce regard est appuyé par le bras des deux agents secrets (Jinx et Bond) qui se terminent avec les armes (ce qui permet d’ailleurs de mieux associer l’homme et le pistolet.
Quand le nœud papillon s’envole
Enfin, un autre point commun aux affiches bondiennes est le nœud papillon récurrent sur toutes les affiches trailers. Il est très rare que Bond porte une cravate (Le monde ne suffit pas et Goldfinger). Là encore, qu’observons nous : Casino Royale et Permis de tuer font exception à la règle en présentant un nœud de cravate non noué, et Meurs un autre jour et Quantum of Solace vont plus loin en présentant définitivement un nœud papillon absent qui laisse le col savamment ouvert (sauf certains pays où l’affiche de Meurs un Autre jour présentait tout de même le nœud dénoué).
Conclusions
On peut donc en tirer des conclusions : d’une part, il est très rare que les 3 constantes de la position, du nœud papillon et du regard soient enfreintes quelque soit l’époque, et d’autre part, ce sont toujours les mêmes films qui détournent ces constantes. D’où la question : pourquoi ceux-ci ?
Observons donc les points communs de ces films qui sont : Permis de Tuer, Meurs un autre jour, Casino Royale et Quantum of Solace. Dans ces 4 films, Bond dévie de sa mission ou est amené à démissionner de son poste de 007. Ce sont aussi dans ces films que Bond enfreint délibérément et radicalement les ordres de ses supérieures pour mener une partie de la mission en solo. Bref, dans ces films, Bond s’éloigne de son rôle d’agent fidèle de sa majesté, devient plus sensible aux sentiments, s’avère plus vulnérable.
Ces éléments que nous avons mis en lumière participent à cette idée du rôle dévié : La position en mouvement et le regard concentré et orienté vers l’extérieur soulignent le fait que Bond est déterminé à aller dans une autre direction. Le nœud papillon détaché est une façon de faire passer l’idée que Bond descend de sa retenue habituelle. Cette sorte de mise à nue fait sortir l’agent secret de son armure / smoking. Le fait que le nœud papillon soit juste dénoué ou complètement absent montre également le niveau d’infraction qu’atteint Bond : Dans C.R. ou LTK, Bond prend des initiatives mais reste fidèle à sa mission : il peut donc renouer le nœud à tout moment. Dans QOS, Bond y a définitivement renoncé en poursuivant sa mission malgré les ordres contraires.
On peut noter également qu’il y a d’autres films où Bond sort de son rôle, où effectue des actions en marge de sa mission (OHMSS, Tuer n’est pas jouer), mais dans ces conditions, les affiches préfèreront ne pas convier cette impression en valorisant plutôt les nouveaux acteurs qui endossent le smoking.
Évidemment, on peut aussi n’y lire qu’une simple modernisation de l’art de l’affiche, qui sort de ses vieilles habitudes. Cela dit, je pense que si, comme le laissent penser les interviews de Craig, Bond 23 revient à un 007 plus dans son rôle, on peut s’attendre à ce que la prochaine affiche nous présente l’agent secret dans une position stable, avec le nœud papillon, et regardant directement le spectateur.
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