Suite de mon article sur Dominic Greene
Un code de conduite qui cache ses faiblesses
La folie de Dominic Greene ne l’empêche pas avant tout d’être très intelligent : manipulateur, calculateur, sans scrupules… son ONG lui donne une puissance et une apparente honnêteté, lui permettant de se livrer à ses fantasmes de pouvoir.
Il lui faut trouver un moyen d’asseoir son pouvoir, et quoi de mieux pour cela que de se mettre au service de Quantum. Toute son illusion de puissance se base sur les réalisations de son organisation. Et pour lui donner une crédibilité, il s’est imposé un code de conduite en société, le rendant sérieux, l’air détaché et sûr de lui. Cela lui accorde une autorité en société, et un respect de la part des autres membres de Quantum.
Il saute au yeux que Greene n’est pas un homme d’action. Il a peur des contacts physiques (voir sa réaction lorsqu’un homme de Quantum tombe sur sa voiture à Bregenz), et se retranche derrière ses hommes de main (sauf avec Camille dont il s’occupe personnellement).
Ce code de conduite volera en éclats lors de la confrontation à la Perla de las Dunas. N’étant plus protégé par rien, et face à Bond, tout ce qui le rassurait laisse place à une panique sans assurance. La peur qu’il éprouve donne alors lieu à un combat mémorable à la hache, où Bond est surpris par les attaques de cet homme malingre, qui ne sait pas se battre, mais est dangereux.
Sa défaite face à Bond le détruit complètement. Il n’a plus aucune combativité lors de son dialogue final avec Bond au milieu du désert. Code de conduite et folie ne lui sont plus d’aucune utilité. Sans ce potentiel menaçant, Dominic Greene perd le statut de méchant bondien pour redevenir « Monsieur Greene, » un homme qui ne mérite même pas d’être éliminé par Bond.
Un personnage sous-présenté
Le film présente la personnalité de Greene de façon très discrète. Le film est avant tout centré sur Bond, et sa recherche de réconfort. C’est pourquoi ce personnage qui a un super potentiel en tant qu’ennemi bondien, n’est vu qu’à travers une personnalité contrastée, que la concision du film empêche de développer convenablement. Si l’on regarde la façon dont il est filmé, on entend pas de fond sonore l’accompagnant avec des bonnes basses, comme pour les méchant dignes de ce nom.
Sa première présentation n’est même pas impressionnante. Le grand méchant de QOS ? Il est là, au fond d’un hangar à découper des papiers. Son pouvoir matériel ? Il n’a pas de bombe, pas de repère secret (il utilise un hôtel), pas de moyens de transport (la CIA fait le taxi), juste une petite escorte. Son plan ? Comparé aux plans à l’échelle mondiale de ses prédécesseurs, il consiste, tel qu’il est montré par le film, à faire signer un bout de papier et construire des barrages. On est loin des comptes à rebours auxquels on était habitués. Pourtant, si l’on y réfléchit bien, le plan de Greene et son pouvoir son bien plus importants, mais le film le présente de toute façon comme un personnage secondaire.
Les rapports des différents personnages à cet égard sont exemplaires : Camille l’utilise pour arriver à Médrano, Bond le pourchasse pour démasquer Quantum (rétablir l’eau bolivienne ne se fait qu’une fois les révélations faites), américains et britanniques (à l’exception de M et Félix Leiter) se fichent éperdument du PDG de Greene Planet pourvu qu’ils récupèrent le pétrole, et toi, spectateur bondien, avoue que tu te fiches pas mal de l’eau bolivienne.
Le dialogue entre Camille et Bond à son propos son exemplaires. Ils prennent plutôt à la légère cet homme, le voient comme prévisible (« combien vous pariez que Greene a des relations avec la police ? »), peu important, et risible.
Tout deux visent quelqu’un autre à travers Greene, et celui-ci est vraiment présenté comme une étape, alors que l’homme qu’on nous présente est tout entier à son entreprise. Pas de chance pour lui, ce n’est pas le sujet du film.
Mon avis sur Dominic Greene est bien différent. Je trouve sa personnalité excellente et en démarcation totale par rapport à ce que faisaient les autres ennemis. Mathieu Amalric joue son personnage « de l’intérieur », et nous présent une conception de l’ennemi moderne nouvelle : un homme imprévisible, qu’on ne verrait pas comme méchant , et qui pourtant est vraiment le style d’ennemi de notre temps. Son plan est pour moi un vrai plus dans l’histoire de la saga, et pas du tout « minable » ou peu intéressant. Mais à ce sujet, je consacrerai un article en entier.
Vive Dominic Greene !
Je conclurai tout de même par un lien vers cette interview de Mathieu Amalric à propos de son personnage (que j’ai découvert quelque mois après avoir écrit cet article) et qui concorde avec ce que je raconte au dessus. Comme quoi je ne fais pas que des élucubrations psychologiques 😉
Je rajoute également un lien vers cette autre interview de l’acteur à propos de Quantum of Solace, et qui vaut le détour (même si certaines questions qu’on lui pose sont assez affligeantes).
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